Origine des troubles morphosyntaxiques chez des enfants dysphasiques

Pathologie développementale du langage oral

Par: Christelle Maillart

Sous la direction de : Marie-Anne Schelstraete & Michel Hupet

Université Catholique de Louvain

2003

Résumé:

Faut-il faire appel à des mécanismes spécifiquement grammaticaux pour rendre compte des troubles morphosyntaxiques des enfants dysphasiques ? Ou, au contraire, ces troubles découlent-ils d’une limitation des capacités de traitement, entravant particulièrement les traitements langagiers les plus coûteux ? Ces questions sont au centre d’importantes controverses théoriques dans le champ de la pathologie développementale du langage oral. Ce travail présente une série de recherches menées chez des enfants francophones ayant un retard langagier sévère et persistant.

 

La première partie de la thèse comprend plusieurs expériences destinées à évaluer les troubles phonologiques fréquemment associés aux difficultés morphosyntaxiques. Les résultats rapportés nous permettent d’objectiver la présence d’une sous-spécification des représentations phonologiques chez les enfants dysphasiques. Cette sous-spécification, principalement localisée en début et fin de mots, est intéressante puisque c’est précisément à ces endroits que sont localisées les marques morphologiques du français (préfixes et suffixes).

Dans une seconde partie, les performances morphosyntaxiques des enfants dysphasiques ont été évaluées sur le plan de la compréhension. L’ensemble des recherches effectuées ne permet pas de mettre en évidence des difficultés grammaticales stables et spécifiques aux enfants dysphasiques. Les observations soulignent cependant que ces enfants sont particulièrement sensibles à une augmentation du coût des traitements imposés. Dans certaines conditions, ils ne parviennent plus à exploiter des connaissances grammaticales, par ailleurs présentes.

Considérés ensemble, ces résultats nous permettront de remettre en cause, sans pour autant l’exclure totalement, la nécessité de faire appel à des mécanismes spécifiquement grammaticaux pour rendre compte des troubles morphosyntaxiques des enfants dysphasiques. Il est avancé que l’étude de l’importante variabilité des performances de ces enfants, l’analyse des implications d’un trouble phonologique initial et la prise en considération des difficultés associées, et notamment des déficits non langagiers, sont autant de pistes qui devront être suivies pour comprendre les troubles des enfants dysphasiques et pouvoir y remédier.

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