Article : Troubles du langage et apathie : est-ce une APP ?

Multidimensional Apathy in Behavioral Variant Frontotemporal Dementia, Primary Progressive Aphasia, and Alzheimer Disease

Ratko Radakovic, PhD1,2,3,4,5,6,7 , Shuna Colville, MPH2,4, Denise Cranley, BSc2,4, John M. Starr, PhD3,5,7,y, Suvankar Pal, PhD2,4,7, and Sharon Abrahams, PhD1,2,4,5


L’Aphasie Primaire Progressive (APP) est un syndrome neurodégénératif caractérisé par des troubles du langage progressifs au premier plan. Elle peut initialement se confondre avec une pathologie psychiatrique ou être associée à des symptômes neuropsychiatriques, ce qui peut conduire à un diagnostic initial erroné. Les symptômes neuropsychiatriques les plus répandus dans les APPs sont notamment la dépression, l’anxiété et l’apathie.

Dans cet article, les auteurs ont décidé d’explorer plus spécifiquement l’apathie et la dépression en comparant leurs caractéristiques et leur fréquence dans les APPs, dans la Démence Fronto-Temporale (DFT) variante comportementale (vc), et dans la Maladie d’Alzheimer (MA).

Un total de 72 participants a été inclus dont 28 MAs, 20 contrôles, 12 APPs et 12 DFTvc. Le groupe de patients APPs était composé de 9 patients présentant une variante logopénique, 2 une variante non fluente, et 1 une variante sémantique.

L’ensemble des participants, ainsi que leurs proches, ont rempli des mesures d’apathie et de dépression. L’AES (Apathy Evaluations Scale) a été réalisée afin de définir la présence ou non d’apathie. La DAS (Dimensional Apathy Scale) a été utilisée pour évaluer les différentes dimensions de l’apathie. La GDS 15 (The Geriatric Depression Scale–Short Form) a permis de dépister une depression. Les proches interrogés étaient le plus souvent les époux ou conjoints (71 %) ou des membres de la famille.  

Les résultats ont montré que tous les patients, quel que soit leur groupe, étaient significativement plus apathiques que les témoins. Les patients présentant une DFTvc étaient quant à eux significativement plus apathiques que les patients atteints de MA et d’APP. En termes de fréquence, 83,3% des patients atteints de DFTvc, 57,1 % des patients atteints de MA et 66,7 % des patients atteints d’APP étaient apathiques. Aussi, les patients présentant une DFTvc étaient significativement plus apathiques dans le domaine émotionnel que les autres patients et significativement moins conscients de leur apathie comportementale par rapport au groupe APP uniquement.

De la même façon, l’ensemble des groupes de patients était significativement plus déprimé que celui des témoins. Aucune différence significative n’a en revanche été retrouvée entre les différents groupes. 21,4 % des patients MA, 25,0 % des patients atteints de DFTvc et 25,0 % des patients atteints d’APP ont présenté des symptômes dépressifs supérieurs au seuil sur le GDS 15. Il est néanmoins à souligner que, parmi les patients APPs, 44,4 % des patients présentant une APP dans sa variante logopénique étaient au-dessus du seuil de dépression sur cette même échelle.

En conclusion, cet article montre l’intérêt d’étudier les sous-types d’apathies (cognitive, comportementale et émotionnelle) dans le diagnostic différentiel des pathologies neurodégénératives et de mesurer la conscience de l’apathie comportementale pour différencier les patients DFTvc des APPs.

Pour les orthophonistes, la mise en place d’outils d’évaluation de l’apathie et de ses différents sous-types en interrogeant le patient et son aidant, pourrait ainsi représenter une aide au diagnostic différentiel.

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