Sciences du Langage – Neurosciences
Résumé:
L’écriture manuscrite comprend une composante séquentielle, caractérisée par l’enchainement des traits pour former les lettres, et une composante d’adaptation motrice pour contrôler le déplacement du stylo selon des contraintes spatiales. Le nombre considérable d’heures de pratique rend cette habileté motrice complexe hautement automatisée. Ainsi, elle apparaît particulièrement vulnérable à la maladie de Parkinson (MP). Au-delà de la réduction anormale de la taille de l’écriture, appelée micrographie, la dysgraphie associée à la MP se caractérise aussi par une diminution importante de la vitesse et de la fluidité du mouvement et par une augmentation de la durée d’écriture.
Ce projet de thèse s’inscrivait dans deux axes de recherche complémentaires, clinique et fondamental, et poursuivait quatre principaux objectifs :
i) Caractériser la dysgraphie dans la MP en identifiant les variables du mouvement d’écriture et les conditions expérimentales les plus pertinentes pour évaluer les effets de la maladie et du traitement médicamenteux ;
ii) Evaluer les effets d’une musique de fond dans un protocole de rééducation des troubles de l’écriture chez l’enfant ;
iii) Comparer les effets de la sonification musicale et de la musique de fond sur la dysgraphie dans la MP ;
iv) Décrire les corrélats neuroanatomiques et fonctionnels de l’écriture et de la dysgraphie parkinsonienne.
Nous avons montré que la fluidité lors de la réalisation d’une spirale, contrainte spatialement, était une variable permettant de mesurer précisément les effets de la MP et du traitement médicamenteux (Danna et al., 2019). Aussi, la vitesse de signature s’est avérée une variable d’intérêt pour discriminer les participants sains des patients sous traitement (Véron-Delor et al., 2020). L’utilisation de la musique de fond a montré des effets non négligeables dans la rééducation des troubles de l’écriture chez un jeune patient (Véron-Delor et al., 2017), alors que pour la dysgraphie associée à la MP, son potentiel semble moins pertinent au regard de celui de la sonification musicale (Véron-Delor et al., 2018 ; 2020). Afin de mieux comprendre le rôle fonctionnel des ganglions de la base dans le réseau cérébral de l’écriture, nous avons élaboré un protocole en IRMf dans lequel nous avons manipulé les aspects séquentiel et d’adaptation spatiale de l’écriture. Ce protocole a d’abord fait l’objet d’une étude auprès de jeunes participants afin de mieux comprendre les spécificités fonctionnelles des trois régions clés du réseau cérébral de l’écriture, à savoir le cortex prémoteur dorsal gauche, le lobule pariétal supérieur gauche et le cervelet droit (Véron-Delor et al., en préparation). Cette étude a également permis de mieux comprendre le rôle des activations bilatérales des régions pariétales supérieures dans l’adaptation motrice. Ces premiers résultats obtenus nous permettront de dissocier les possibles changements d’écriture relevant du vieillissement normal de ceux relevant du vieillissement pathologique.
En conclusion, si l’évaluation du mouvement graphique peut être un marqueur comportemental pour étudier la MP, elle permet également de tester l’impact de protocoles de rééducation de la motricité manuelle. Ainsi, nous avons cherché à optimiser l’utilisation de la musique pour aider les patients atteints de la MP à mieux contrôler leur mouvement d’écriture. L’optimisation de la musique via la sonification musicale, a montré des résultats très encourageants à court terme. Ils nous ont amené à questionner, à la fois aux niveaux comportemental et cérébral, les effets d’un protocole de rééducation à long terme.
Mots clés : Graphomotricité, Evaluation, Rééducation, Maladie de Parkinson, Sonification musicale
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