Parole disfluente : aspects phonétiques et phonologiques

Sciences du langage – linguistique

Par : Marine Pendeliau

Sous la direction de : Didier Demolin et Solange Rossato

Université de Grenoble

2014

Résumé:

Le bégaiement est un trouble complexe, qu’il est encore difficile de définir de manière satisfaisante et complète. Outre les symptômes secondaires, et comportements accompagnateurs, des facteurs langagiers peuvent interférer avec ce trouble. Des difficultés dans les compétence phonologiques pourraient être concomitantes, voire en interaction avec le bégaiement, avec notamment dans la parole adulte, un impact non négligeable de la complexité phonologique. Par ailleurs, des difficultés coarticulatoires seraient au cœur du bégaiement. Mais les résultats des différentes études sont très disparates, tant dans la parole des enfants que dans celle des adultes qui bégaient. Enfin, l’influence du feedback auditif est surprenante puisque toute modification de ce type de feedback a un pouvoir améliorant chez un certain nombre de personnes. Ce constat questionne la définition du bégaiement en tant que trouble de la production et l’oriente plutôt vers un trouble perceptivo-moteur. Cette thèse se propose d’étudier la parole fluente et disfluente de personnes bègues françaises et italiennes. Etant donné que les différences entre personnes qui bégaient et personnes fluentes, apparaissent essentiellement quand le système moteur est soumis à un facteur déstabilisant, nous avons choisi d’étudier l’adaptation du comportement coarticulatoire lorsque la complexité phonologique augmente. Nous avons également voulu analyser l’impact de la modification du feedback auditif sur le comportement coarticulatoire. Enfin, nous avons étudié le rôle de la complexité phonologique sur les disfluences notamment, dans une situation de dialogue autour d’une image. Des adultes et des enfants, italiens, et français, bègues et fluents ont été enregistrés dans 4 situations de parole : lectures, discours spontané, tâche de répétition, et tâche de description d’image. Toutes ces tâches ont été réalisées dans deux conditions perceptives : une condition normale, et une condition avec feedback auditif modifié. En condition perceptive normale, la coarticulation des personnes qui bégaient est plus faible que celle des personnes fluentes. La langue semble jouer également un rôle important puisque les personnes qui bégaient des deux langues ne se comportent pas toujours de la même manière vis-à-vis de leurs homologues fluents. Le comportement coarticulatoire des personnes bègues semble également sensible à l’augmentation de la complexité phonologique. Les résultats sous feedback auditifs modifiés apparaissent contradictoires. Par ailleurs, les disfluences pourraient être influencées par la complexité phonologique, mais cette influence semble dépendre de la sévérité du bégaiement et de l’âge du sujet. Des perspectives cliniques sont évoquées.

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