Neurologie, cognition, langage, éducation
Résumé:
L’altération des fonctions exécutives, consécutive à un traumatisme crânien grave, engendre
d’importantes perturbations de l’utilisation du langage en contexte. Ces dysfonctionnements
interactionnels bouleversent de façon durable l’équilibre familial et tiennent assurément une part
importante dans le pronostic de réinsertion socio-familiale voire professionnelle.
L’objectif général de cette étude est l’amélioration de l’évaluation des troubles, en considérant un
aspect systématiquement négligé qui est celui du domaine non verbal. L’utilisation d’une grille
d’analyse d’interaction libre (G.A.L.I.), réalisée puis validée lors de ce travail, nous a permis de
mettre en évidence des déficits communicationnels verbaux et non verbaux. Ces troubles affectent
régulièrement les processus énonciatifs, conséquence selon nous, d’un déficit sous-jacent de
processus descriptibles en termes de Growth Point (McNeill, 1992). Au niveau pragmainteractionnel,
les difficultés conversationnelles très hétérogènes mais invariablement présentes,
compromettent la convergence affectivo-cognitive qui encourage habituellement la poursuite de
l’échange en montrant l’intérêt que l’on porte à l’autre. Ces perturbations, vraisemblablement
imputables à une charge cognitive conversationnelle trop importante, sont en lien étroit avec
l’altération de la compréhension inférentielle et les difficultés d’attribution d’un « état mental » du
locuteur vers l’interlocuteur. Conjointement aux déficits communicationnels, des phénomènes
d’ajustement interactionnel verbaux et non verbaux ont été constatés chez tous les interlocuteurs.
Dans les pathologies qui se révèlent par le handicap social qu’elles engendrent, l’analyse des
conversations permet d’appréhender les difficultés de communication dissimulées par la rigidité des
tests de langage classiques. La G.A.L.I. a été élaborée afin de répondre à un besoin orthophonique
d’évaluation de ces perturbations conversationnelles et de leurs retentissements.