Début de thèse 01/10/2022 – Date limite pour postuler 05/09/2022
CONTEXTE
Les langues du monde, sans exception, possèdent toutes dans leur système phonologique des occlusives orales encore appelées plosives. La production de ces consonnes correspond à une obstruction complète de l’écoulement de l’air (phase d’occlusion) suivie d’un bruit de plosion court et audible (appelé burst). Dans certaines langues de l’Asie de l’Est et du Sud-Est (entre autres le vietnamien, le thaï, le coréen, le cantonais), les plosives peuvent être réalisées sans phase de relâchement audible (donc sans burst). Ce phénomène est observable lorsque la consonne est en finale de syllabe. Plusieurs types de contrastes entre consonnes plosives peuvent être relevés en position initiale de syllabe mais que la langue soit tonale ou non, et indépendamment de leurs familles linguistiques, les oppositions entre plosives en un même point d’articulation que l’on retrouve en position initiale de syllabe sont neutralisées et réalisées sous un même allophone en position finale, réalisé non voisé et non relâché. Bien que cette réalisation dite non relâchée ne crée pas une unité phonologique supplémentaire mais une variante articulatoire, elle interroge cependant les capacités auditives et les processus de traitement des unités phonologiques. Les études existantes sur la perception des plosives finales des langues d’Asie attestent que les locuteurs natifs parviennent sans trop de difficultés à identifier les plosives sans burst. Cependant, les études multilingues aboutissent à des résultats parfois contradictoires sur la familiarité des auditeurs avec la réalisation phonétique spécifique du non relâchement dans la langue native et son rôle dans la flexibilité perceptive de langues non natives. La précision dans l’identification des plosives non relâchées semble dépendre des expériences linguistiques des auditeurs puisque les études antérieures montrent une très grande différence dans le score de discrimination entre des locuteurs natifs vs non natifs. Il devrait donc exister des indices mesurables dans la production des plosives /p t k/ plus ou moins spécifiques aux langues. Notre hypothèse est que le poids des indices acoustiques n’est pas le même entre les langues, ce qui affecterait l’intelligibilité de ces consonnes de manière différente.
OBJECTIFS SCIENTIFIQUES
Le projet PAALAS propose dans un premier temps de mettre en évidence et de caractériser les indices acoustico-perceptifs des plosives dans trois langues d’Asie (vietnamien, thaï, coréen) et leurs poids lorsque ces consonnes sont réalisées en position finale de syllabe et, dans un second temps, à examiner si ces indices perceptifs sont ou non identiques pour des auditeurs non natifs et non familiers de ce type de production. L’étude évaluera l’impact de facteurs extralinguistiques (genre, âge, niveau socio-éducatif des locuteurs) et linguistiques (langue maternelle, origines géographiques, langues en contact, langues étrangères apprises, leurs usages et les contextes de leurs apprentissages) sur l’identification et la catégorisation des plosives non relâchées.
PROFIL RECHERCHE
Nous recherchons un(e) candidat(e) très motivé(e) ayant obtenu une licence et un master en Sciences du langage avec une solide formation en linguistique, phonétique et phonologie générales. De bonnes connaissances en phonétique expérimentale et phonologie de laboratoire, ainsi qu’en typologie linguistique, sont un plus. Le doctorant ou la doctorante recruté(e) contribuera activement à la veille scientifique en lien avec le projet, ainsi qu’à l’élaboration des paradigmes expérimentaux et aux recueils des données. Il procèdera au traitement et à l’analyse des données, à la vérification des hypothèses de recherche et à la publication des résultats. Il est attendu du candidat qu’il sache travailler en équipe et accepte les directives scientifiques qui lui seront données.
ENVIRONNEMENT SCIENTIFIQUE
Le(la) doctorant(e) sera encadré(e) par Thi Thuy Hien TRAN et Nathalie VALLÉE au laboratoire GIPSA-lab de Grenoble, équipe SYLDO (Systèmes Linguistiques, Dialectologie, Oralité), en collaboration avec des chercheurs de l’Université nationale de Séoul (Corée du Sud), de l’Université Silpakorn à Bangkok (Thailande) et de l’Institut MICA de l’Université polytechnique de Hanoi (Vietnam). Le projet prévoit une campagne de recueil de données de production et de perception en Thailande, en Corée et au Vietnam. Le(la) doctorant(e) bénéficiera de l’environnement de recherche et de l’expertise en linguistique, en sciences de la parole, en traitement du signal audio et en statistique du laboratoire qui compte de nombreux chercheurs, doctorants, postdoctorants et ingénieurs travaillant dans ces domaines.
COMMENT CANDIDATER ?
En fournissant : – Une lettre de motivation mentionnant un ou des projet(s) professionnel(s) – Un CV détaillé – Les relevés de notes de la licence et du master – Le mémoire de M2 – Un descriptif des cours de phonétique, phonologie et linguistique générale déjà suivis – Les noms et coordonnées de deux enseignants-chercheurs ou chercheurs référents de votre formation universitaire en Sciences du Langage CONTACTS Thi Thuy Hien TRAN – thi-thuy-hien.tran(at)univ-grenoble-alpes.fr – (+33)476826881 Nathalie VALLÉE – nathalie.vallee(at)gipsa-lab.grenoble-inp.fr – (+33)476827789